25 juin 2013

BOLIVIE : chaud et froid

A l’arrivée en Bolivie, pays le plus pauvre de continent, surprise: les douaniers et policiers sont bien équipés, avec de belles tenues et un beau péage, à côté toutefois des bâtisses de la douane et de l'immigration.

Bolivie (immigration)

Le passage de frontière est facile, rapide et courtois mais nous nous faisons avoir comme des bleus au passage du péage: le militaire de service et le péager (trop intelligent pour être honnête celui-là) nous disent que viandes et laitages sont interdits pour des raisons sanitaires.
Nous savons que de tels contrôles existent en Argentine et Chili et sommes un peu surpris qu’il y en ait aussi en Bolivie. Et le militaire farfouille dans le frigo et en extrait saucisses, lard, poissons, crevettes. Certes nous sauvons les crevettes en les mangeant sur place, mais le reste est bien perdu.
Et ce n’est qu’un peu plus tard que nous réalisons notre erreur: nous n'avons pas pensé à demander le texte officiel et nous nous sommes fait avoir comme des débutants ! Mais bon, ça ne nous empêchera pas de dormir et eux pourront au moins améliorer leur ordinaire (qui est vraiment très ordinaire).
La Bolivie nous accueille par un chaud et froid.
 
La route de fin du Chaco qui mène de la frontière à la grande route (Ruta 9, décidément encore une, après celle du Paraguay), est magnifique: bitume parfait, belle signalisation. Nous n’en croyons pas nos yeux.

Bolivie (arrivée)

Nous roulons ainsi 60 km sur ce velours lorsque tout d’un coup ...... plus rien ! La route n’est pas terminée et un monticule de terre bloque tout !
Bolivie-arrivée (fin route)

Il faut alors descendre en tout-terrain pour rattraper l’ancienne piste jusqu’à Villamontes.
Le chaud-froid continue.

Bolivie-arrivée (piste)

Villamontes, ville propre aux larges artères,

Bolivie-Villamontes

sur fond de pré-Andes, le long du rio Pilcomayo. Sur les berges, de nombreuses installations sportives: des terrains de foot en herbe, en terre, en ciment, et même en pelouse artificielle, des terrains de basket, une piscine avec deux bassins, trois terrains de tennis en terre battue (qui font envie à Martine), une piste cyclable, etc..... Pas du tout ce que nous imaginions d’un pays pauvre. Le soir, petit restaurant et là nous découvrons les prix boliviens: la soupe à 5 bolivianos, le plat poulet-riz-frites à 12, soit un total de 17 bol., c’est-à-dire 1,9 € !
 
Nous nous installons pour la nuit devant la piscine, reculons de 3 m à la demande du gardien (pourquoi ? mystère), et dormons comme des loirs. Le lendemain nous sommes accostés par un couple lui-bolivien elle-brésilienne. Ils ont repéré Daou dans la rue et nous ont cherché car lui a aménagé un camping-car à partir d’un fourgon Sprinter, ce qui est rarissime par ici, et ils souhaite voir le nôtre. Nous faisons visiter et discutons un peu; enfin on essaie car notre espagnol a des lacunes lagunes.
 
Plus loin (via une Ruta 9 en parfait état), petite halte à Camiri, première ville pétrolière de Bolivie, avec statue à la gloire des prospecteurs, jolie place, et pas mal de commerces de toutes sortes !

Bolivie-Camiri (dentiste)

Nous faisons encore une rencontre: lui a 35 ans, un restaurant, une station-service, estime que c’est assez, et continue à travailler en préparant un voyage en camping-car dans quelques années. Etonnant de rencontrer des camping-caristes en Bolivie. Il nous donne quelques renseignements et propose son aide au cas où. Et une heure plus tard, c’est un couple d’avocats, attirés eux aussi par Daou, qui viennent nous voir, nous propose leur assistance et nous laissent leur carte de visite.
Sympas les Boliviens.
 
Nous avions prévu de rejoindre Sucre, la capitale, par la grande route Camiri-Sucre indiquée sur les cartes. Juste 400 km à avaler, facile vu le parfait état des routes jusqu’à maintenant. Mais une surprise nous attend: la Ruta 6 n'est pas bitumée et commence par une piste pentue. Nous demandons à différentes personnes, qui confirment que Sucre est bien par là ! Un chauffeur nous précise que le début est mauvais mais que ça s'améliore vite et qu’il n’y a ‘que’ 200 km de piste, après le bitume revient !

Décidement la Bolivie continue à souffler le chaud et le froid !

Nous hésitons longuement: 400 km dont 200 de pistes, ou bien le grand tour par le bitume et par le nord, soit 1400 km ! Finalement, plusieurs personnes nous ayant dit qu’il n’y avait pas de problème, que ça passerait, nous décidons de tenter le coup.
 
Effectivement les 30 premiers km sont corrects, juste interrompus par un péage,

Bolivie-Ruta 6 (péage)

mais, petit à petit, ça monte, la piste se rétrécit, s’humidifie,

Bolivie-Ruta 6 (beurk)

et nous nous retrouvons dans le nuage, sur des lacets boueux, sans pouvoir faire demi-tour. Mais Daou nous épate et est digne de PassePartout son prédécesseur; la transmission 4x4 à visco-coupleur fait son boulot, il suffit de bloquer le différentiel dans les cas limites, et ça passe. Mais nous  nous faisons quelques frayeurs et mettons une heure pour 10 km.
Parvenus au col, nous espérons que la Vierge qui habite ici

Bolivie-Ruta 6 (vierge)-copie-1

ne nous obligera pas à faire demi-tour car si monter des lacets boueux est difficile nous n’avons aucune envie de tenter la descente, car nous avons des pneus routes et ça glisse tellement que ça se finirait peut-être dans le décor.

Plus loin, la piste nous rappelle la ‘route de la mort’ vue à la télé: piste à voie unique à flanc de montagnes, aucune erreur n’est permise. Et lorsqu’à deux reprises nous croisons un véhicule (dont un camion), nous refusons le croisement proposé par le chauffeur d’en face (10 cm entre les véhicules, à raz du vide qui est de notre côté) et faisons marche arrière jusqu’à un endroit suffisamment large; il vaut mieux paraître peureux plutôt que tenter le diable !

Bolivie-Ruta 6 (croisement)

Plus loin ça s’améliore car des engins élargissent la piste: la descente est donc plus coolsans être parfaite

Bolivie-Ruta 6 (début montée)

et lorsque la piste rejoint la rivière, nous respirons: au moins on ne risque plus de tomber dans le ravin.

Mais en bas il y a des éboulements. Et à deux reprises, nous nous trouvons face à un tas de terre rouge 
dans lequel les poids lourds ont creusé des ornières emplies de boue liquide :

Bolivie-Ruta 6 (aïe)

Pas le choix il faut passer. Et là encore Daou nous épate: il escalade, penche, se tord, patine, mais sort vainqueur. Ouf !
 
Encore quelques dizaines de km de piste de toutes sortes, un peu de tôle ondulée, quelques gués,

Bolivie-Ruta 6 (gué)

et après 100 km nous arrivons à Monteagudo.
Nous soufflons et comme cette ville est assez grande et qu’il y a plein de minibus, nous nous disons que si eux passent nous passerons aussi et que les 100 km suivants seront plus faciles. Vannés, nous tombons dans les bras de Morphée.
 
Mais le lendemain nous déchantons dès la sortie de la ville: tous les minibus restent DANS la ville, ils ne sortent pas et font demi-tour juste avant un gué derrière lequel la piste s'offre à nous,  quasi-déserte (nous croiserons 10 véhicules en 5 heures). Et nous voilà repartis pour 100 km, mais contrairement à hier pas de danger. Certes il y a encore des gués, nous sommes presque toujours en seconde, certains passages dans les gorges sont un peu étroits,

Bolivie-Ruta 6 (étroit)

et nous passons notre temps à monter et descendre d’une vallée à l’autre, mais il y a tellement peu de véhicules que ça passe toujours, et en plus le soleil est revenu, ce qui permet de profiter des paysages.

Bolivie-Ruta 6 (soleil)

En tout cas pendant ces deux jours nous avons appris deux choses: d’abord quand un bolivien dit ‘ça passe’ ça veut juste dire que la piste n’est pas totalement bloquée par un éboulement, mais ça ne présage en rien de son état. Ensuite que jamais nous ne tenterions cette piste en saison des pluies.
 
Nous atteignons enfin Padilla où nous nous octroyons une journée de repos. Installés près du terrain de foot,

Bolivie-Padilla

nous sommes aussi discrets qu’un extra-terrestre avec sa soucoupe mais les boliviens sont très réservés et discrets et seuls quelques gamins viennent faire les curieux. Daou ayant fait sur la piste des bruits bizarres côté train avant, une séance mécanique s’impose: rien de sérieux, juste des articulations qui ont travaillé à la limite et des plaquettes de frein qui tapent dans leur logement sur les pistes caillouteuses.
 
Au moment du départ, surprise: nous pensions que le bitume serait là, mais renseignements pris il y a encore 68 km non finis. Mais les informations recueillies auprès des locaux sont toujours difficiles à interpréter, et si les deux derniers jours c’était à nos dépens, aujourd’hui la mauvaise surprise ne l'est pas vraiment: ces 68 km sont en fait panachés moitié goudron, moitié piste roulante. Et lorsqu'après Zudanez nous retrouvons définitivement le bitume, c’est sous le soleil et dans des paysages grandioses.

Bolivie-Ruta 6 (3300 m)

Nous passons toujours d’une vallée à l’autre, en grimpant progressivement pour atteindre les plateaux entre 3000 et 3400 m. Le paysage est MAGNIFIQUE et nous nous arrêtons tous les 5 km pour la photo.

Bolivie-Ruta 6 (hameau)
Bolivie-Ruta 6 (Tarabuco)

Les deux jours éprouvants trouvent ici leur récompense et nous savourons à fond ces instants.

Bolivie-Ruta 6 (3000 m)

Sucre: comme dans toutes les villes des pays pauvres, les abords sont jonchés de déchets, aussi allons-nous directement dans le centre de cette ville inscrite au Patrimoine de l’humanité. Nous nous installons dans le jardin-atelier d’un couple de boliviens (merci ‘lelien-amsud’, groupe d’informations des voyageurs en Amérique du sud). C’est une bonne adresse: parking plat, douche chaude, lavoir, cuisine, wifi, à 200 m du centre historique, tout est là. On en profite même pour laver Daou et l’alléger de la poussière et de la boue amassées.

Bolivie-Sucre (nettoyage Daou)
De plus Felicitad notre hôtesse nous fournit un plan et nous indique où se trouve LE super-marché, la lavanderia (15 bol. le kg de linge lavé-séché-repassé !), etc .......
Que demander de plus ? Un restaurant ? Pas de problème nous en trouvons un, dans le centre historique: service impeccable, cadre agréable, bons plats bien présentés, et prix bolivien: 57 bolivianos (6 €) par personne pour entrée-plat-dessert-verre de vin-café !
 
On est vraiment bien ici, et ‘Sucre la blanche’ est agréable et vivante, avec ses bâtiments blancs,

Bolivie-Sucre (ville blanche) 1
Bolivie-Sucre (ville blanche) 3

son Mercado,

Bolivie-Sucre (jus de fruits)
et ses parcs et jardins publics où tradition et modernité se côtoient.

Bolivie-Sucre (boliviennes)
On reste donc plusieurs jours, ce qui en plus permet à notre organisme de s’acclimater à l’altitude (3000 m), aux variations de température (7°C la nuit, 23°C le jour) et à la sécheresse de l’air (32% l’après-midi, et au réveil il faut se nettoyer le nez, archi-sec).
 
Tout va donc pour le mieux mais comme la Bolivie, depuis le début, nous souffle le froid après le chaud, on se demande ce que nous réserve l’avenir.
 
A suivre ......
 
 
 
 
 
 
 

4 commentaires:


  1. A la lecture de votre dernier article, on a vraiment envie de venir en Bolivie et notamment à Sucre. La description que vous en faites et les quelques photos jointes sont autant d'insitation. Je
    n'ai pas regardé si vous avez publié un album photos de Sucre, mais j'ai bien envie de voir quelques photos complémentaires.


    Bonne route, Biz à tous les deux. 

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  2. J'ai vu les photos; la boucherie....impressionnante. 


    A plus.

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  3. christian thomas30 juin 2013 à 19:18


    pas mal non plus la bolivie dans le chapitre depaysement..


    dans le chapitre aventure je vois que vous etes servis egalement!


    bonne route ou bonne piste...


    a bientot


    christian et nathalie

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