21 juin 2013

PARAGUAY : des Missions au Chaco

Nous quittons le Brésil (il était temps, c’était le dernier jour de validité de notre visa), direction le Paraguay.
 
Le passage de Foz do Iguaçu vers Ciudad del Este est laborieux car des milliers de brésiliens font comme nous. Mais pas dans le même but car Ciudad del Este étant une ville franche, tout le monde vient y faire des achats dans un des innombrables commerces de tous types, du plus petit au super centre commercial.
Près d’une heure de bouchon pour atteindre le poste, puis 3/4 d’heure pour obtenir les tampons de sortie et d’entrée. Non pas qu’il y ait la queue au guichet, car tous ces gens, à pieds, en 2-roues, en voiture, en camion, sur deux files continues, ne veulent surtout pas être contrôlés; d’ailleurs personne ne les embête. Nous sommes les seuls à vouloir des tampons ! Il nous faut donc trouver le bureau, puis attendre que quelqu’un vienne et enfin remplir le formulaire.
 
De l’autre côté c’est le joyeux bazar, et nous quittons aussi vite que possible cette ville sortie du néant par le miracle du ‘détaxé', et après un rapide passage au Salto del Monday (chute qui serait plus visitée s’il n’y avait celles d’Iguaçu à 20 km), nous filons plein sud, après un décrassage de Daou (50' de travail et 10 l de détergent, ici ils ne lésinent pas).

Paraguay-Super Lavadero

En entrant au Paraguay nous n’avons que très peu d’informations: 3-4 pages dans notre guide ‘Amérique du sud’, et sur internet pas mal d’avis négatifs (pays pauvre donc compliqué, routes pourries, policiers corrompus, conduite dangereuse) et quelques autres moins alarmants (population agréable, policiers pas embêtants) mais émanant de gens n'ayant passé que quelques jours dans le pays.
 
Autant le dire tout de suite, toutes les craintes étaient infondées: aucun problème avec les policiers (trois contrôles très rapides et courtois, dont un pour nous rappeler qu’il faut allumer les feux en permanence et un autre par curiosité), routes presque toujours en très bon état (ça repose après le Brésil), pays pauvre mais pas tant que ça par rapport aux voisins, conduite sans problème.

Ce n’est pas la première fois que nous constatons que la réalité est souvent bien loin de ce qu’on peut lire ou entendre.
 
Le Paraguay est donc une bonne surprise, d’autant plus qu’ici il y a beaucoup moins de clôtures et que les gens du pays sont calmes et sympas. La vie du camping-cariste devient du coup facile: bonnes routes et conduite reposante, arrêts faciles (que ce soit pour la photo, pour casser la croûte ou pour la nuit), que demander de plus ?
 
Ainsi au réveil de notre première nuit, près d’un terrain de foot, le président du Club qui vient préparer le match du dimanche nous propose d'utiliser les sanitaires du Club.
 
Dans le sud, les Missions jésuites (ou plutôt ce qu’il en reste après plus de deux siècles) nous attendent. Nous ne recherchons pas spécialement les ruines et la religion n’est pas notre tasse de thé, mais comme elle font partie du Patrimoine de l’humanité, nous décidons d’en voir une pour ne pas mourir idiots. Mais l’accueil sympa, l’organisation parfaite (avec brochures en français), la qualité du site, et le prix ridicule (50 000 guaranis, soit moins de 10 € pour nous deux et pour trois sites) nous incitent, après le site de Jesus de Tavarangüe,

Paraguay-Jesus de Tavarangue

à aller voir celui de Trinidad, bien plus étendu.

Paraguay-Trinidad-2

Et après la visite de l’après-midi et la balade ‘son et lumière’ du soir sous les étoiles, nous nous installons sur le parking pour la nuit. Facile.
 
Le lendemain, pour la visite de San Cosme y Damian, trois personnes s’occupent de nous, seuls visiteurs de la journée. Il faut dire qu’en plus des ruines, il y a un petit planétarium et pas mal d’infos sur le ciel car un des jésuites du XVIII° siècle était un astronome qui créa un observatoire et écrivit même un livre d’astronomie.

Paraguay-San Cosme y Damian

Nous découvrons donc le ciel austral et ses constellations, européennes et guaranies (voie lactée = chemin du tapir, etc...). Et nous passons la nuit sur la pelouse du centre, gentiment invités par le personnel. Facile.
 
Nous continuons notre route, alternant paysages genre Camargue et collines à pâturage. Villa Florida, petite ville où les citadins d’Asuncion viennent se reposer, au calme près de la rivière; nous nous installons et y passons deux nuits parfaites.

Paraguay-Villa Florida-2

Un soir, une bière à la main, nous regardons le soleil se coucher et un local vient discuter un long moment. Il nous explique entre autres que les deux langues officielles  (espagnol et guarani) sont indistinctement utilisées dans la vie quotidienne.
Nous essayons un beau restaurant afin de goûter le poisson local, le suribi. Pas mauvais mais l’assiette Arcopal et l’absence de présentation font très cantine, même si le serveur fait de son mieux pour relever le niveau. La sophistication culinaire française est bien loin ! Mais le prix aussi car soupe de poisson + plat de poisson + dessert + bouteille de vin chilien nous reviennent pour nous deux à 180 000 guaranis ... soit  32€ !
 
 
Dans l’est du pays, nous avions rencontré un couple d’allemands installés ici depuis 10 ans; ils nous avaient mis en garde à propos de la Police corrompue («pas ici, mais à Asuncion, attention»).
En fait, ni à Asuncion, ni dans les environs, ni ailleurs, nous n’avons le moindre problème. Nous ne nous attardons cependant pas à Asuncion, grande ville dont la ‘banlieue’ s’étire sur 40 km. Le pays est en pleine évolution, ça construit un peu partout, les grands centres commerciaux poussent et le nombre de voitures croît très rapidement. A part quelques quartiers très moyens ça ressemble aux autres capitales.
Nous y passons toutefois une nuit en pleine ville, au camping du Jardin Botanique (merci aux Zoomeurs). Il n’est pas indiqué à l’entrée, il faut demander au garde (qui nous laisse entrer sans même nous faire payer le prix de la visite au parc). A l’intérieur pas plus de panneau et nous nous posons sur la pelouse jusqu’à ce qu’un policier vienne nous voir et nous emmène au camping, 200 m plus loin. Là un garde note nos numéros de passeports et c’est tout. Rien à payer. Trop facile.

Après une bonne nuit, seulement réveillés par l'éléphant et les lions voisins (!), nous quittons cette ville en faisant le plein de nourriture et d’argent (ici certains distributeurs donnent au choix guaranis ou dollars US), en prévision de la traversée du Chaco.
 
Mais auparavant, petit crochet au lac Ypacarai, lieu de repos et de villégiature des habitants d’Asuncion, pour un déjeuner à Argua,

Paraguay-Aregua

puis une promenade avec achat de jolies chemisettes brodées (trois pour 250 000 guaranis) et nuit parfaite sur l'autre rive du lac à San Bernardino. Facile.
 
Nous faisons ensuite un crochet au nord, pour voir d’autres choses. De longues routes droites, d’abord dans un environnement marécageux, puis au milieu de collines. Durant des dizaines de kilomètres la route est bordée d’habitations et de commerces; pas vraiment une ville, juste du monde partout. Puis d’un coup, plus personne; et sur des dizaines de kilomètres c’est le domaine des grandes Estancias et des propriétaires aux belles maisons.

Paraguay-nord-est-2

Nous arrivons ainsi au Parque Nacional Cerro Corà. Des monuments jalonnent les sentiers, à la gloire de ceux tombés ici lors de la dernière bataille de la ‘Grande Guerre’ (Paraguay contre la Triple-Alliance Uruguay-Argentine-Brésil, il fallait oser). On peut se promener, et même camper, au milieu des oiseaux de toutes sortes.

Paraguay-PN Cerro Cora (chemin)

Paraguay-PN Cerro Cora (chouette)

Il y a bien des petites mouches énervantes, mais elles ne piquent pas, et les moustiques restent près de l’eau. Nous nous installons donc un peu plus haut sur l’herbe, seuls, avec une belle vue. Et tout ça gratuitement. Trop facile.
 
Nous profitons de la proximité de la frontière brésilienne pour faire un saut à Ponta Pora (voir épisode précédent) afin de remplir à ras-bord nos réservoirs de carburant de bonne qualité (diesel S10, à bas taux de soufre) et 0,40€ moins cher au litre.
 
 
Nous sommes parés pour la traversée du Gran Chaco. Car d’anciennes lectures nous ont donné envie d’aller voir ce territoire immense mais très peu peuplé: grand comme presque la moitié de la France, c’est une zone marécageuse, plate,

Paraguay-Chaco (rio Paraguay)

où la température devient infernale l’été (on nous a parlé de 45°C et on veut bien le croire car nous sommes en hiver et il fait plus de 30°C). Seuls des extrémistes religieux, colons allemands en grande partie, mennonites, se sont installés là à partir du début du XX° siècle. Car il faut vraiment croire en la bonté de Dieu pour s’installer ici. Pour nous, vivre là est plutôt une punition: chaleur insupportable, marécages omniprésents, rien à voir car broussailleux, plein de ‘charmants’ insectes, bref vraiment pas l’endroit où on s'attarde !

De plus c’est ici que nous trouvons les seules mauvaises routes du pays. D’abord à partir de Concepcion (après Encarnacion et Asuncion, il ne nous manque plus que ‘Embarcacion’, si, si ça existe !): trois véhicules à l’heure, du bitume parfois correct, parfois troué, mais surtout une grande zone de travaux à ornières.
 
A l’arrivée de l'étape, Pozo Colorado: un carrefour avec trois rues poussièreuses, deux stations-service boueuses et la police. C'est un arrêt quasi obligé et nous nous installons donc pour la nuit dans cet univers désespérant.

Paraguay-Pozo Colorado
  
Seuls quelques oiseaux colorés égaient le tableau :

Paraguay-Pozo Colorado (oiseau)

Paraguay-PN Cerro Cora (perroquets)

Et nous attaquons la Ruta 9 Trans-Chaco, pleins d’interrogations car nous avons entendu et lu tout et son contraire à son propos. Pourtant  c'est facile, c'est tout droit (prochaine bifurcation à 378 km) !


Paraguay-Ruta 9 (virage 378 km)

Le début, jusqu’à Filadelfia, centre du fief des mennonites, est bon. Certes il y a des trous de-ci-de-là et il faut rester vigilant, mais la route est correcte. Arrêt à Filadelfia, ville bien organisée, propre, sans fioritures.

Paraguay-Filadelfia (Vorsicht)

Ici beaucoup d’inscriptions et les noms de la plupart des villages sont en allemand,

Paraguay-Filadelfia

les jeunes filles qui font du sport à côté de notre lieu de nuitée sont grandes, blondes et parlent allemand, les petits gamins blonds font du VTT, etc.... Contraste avec l’entrée de la ville où les indigènes végètent au bord de la route, sous des abris de bois et de plastique.
 
Mais l’avantage pour nous est que nous trouvons ici du ‘bon’ carburant et de l’eau potable. Nous regrettons d’avoir, à Pozo Colorado, complété nos réservoirs avec du carburant trop soufré et de l’eau non-potable. Nous jetons cette eau trouble avant de re-faire les pleins et de reprendre la Ruta 9,

Paraguay-TransChaco

mais plus loin, arrêt à Mariscal Estigarribia pour tamponner les passeports (sortie du Paraguay). Il reste encore 250 km avant la frontière mais c’est ici que ça se passe.
Pourquoi ici, au milieu de nulle part ? Peut-être parce que c’est maintenant que ça se corse. Rien d’infranchissable, mais quand même plus de 100 km de route pourrie. De la tôle ondulée,

Paraguay-Ruta 9 (tôle ondulée)

des trous, petits, gros, énormes, du sable TRES fin (genre fech-fech), des reste de bitume qui font tout vibrer, des ornières, ..... on passe son temps à chercher l’endroit le moins pire. Les panneaux qui demandent de ralentir ne nous font même pas rire.

Paraguay-Ruta 9 (panneaux)

Par moments, un peu d’excellent bitume et on croit que c’est fini, mais non c’était juste un faux espoir.  Heureusement que nous avons la clim’ car en plus il fait 32°C. Et il n’y a pas grand'chose à voir à part des oiseaux un peu partout, un petit tatou qui traverse devant nous et des arbres dodus et épineux. A la fin c’est un peu de la conduite automatique.
 
Enfin, un peu avant la Patria, nous retrouvons le bitume (à trous certes mais après ce qu’on vient de subir on accepte tout). La Patria, carrefour perdu au bout du monde, avec 20 habitants, 6 micro-boutiques en planches et quelques policiers qui attendent les véhicules (un camion toutes les heures, deux véhicules de touristes par mois). Bonne nuit récupératrice avant le dernier tronçon, 120 km de bon bitume ... avec quelques trous quand même !

Paraguay-Ruta 9 (trous)

Au poste de police de la frontière, un jeune militaire nous demande ce que nous pensons de son pays. Lui est de Asuncion et on sent que sa mutation ici .... l’enchante ! C’est un peu le désert des tartares ici, VRAIMENT loin de tout.
 
Pour nous, c’est la fin de cette visite du Paraguay, pays pas vraiment exceptionnel mais très facile et agréable, avec quelques sites intéressants et des gens tranquilles.
 
Une bonne surprise, des Missions:

Paraguay-Trinidad-3

au Chaco :

Paraguay-Chaco (arbre ventru)

Paraguay-Chaco (jabirus)

 
 

Et comme toujours les photos sont disponibles dans les Albums photos.

1 commentaire:

  1. christian thomas28 juin 2013 à 19:57


    on est toujours avec vous, loin derriere mais on suit!


    christian et nathalie

    RépondreSupprimer


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