19 mars 2014

EQUATEUR - Bananes, côte et équateur

A la frontière Pérou-Equateur, un grand complexe tout neuf nous attend. Depuis que nous sommes en Amérique du sud nous n’avons jamais eu si grand, si beau …… et si désert: seulement deux voitures sur l’immense parking. Autant dire que les formalités sont vite expédiées, d’autant plus que ce complexe abrite les administrations péruviennes et équatoriennes.
Seule la douane équatorienne doit être effectuée quelques kilomètres plus loin, dans un endroit nettement moins moderne et plus fréquenté. Mais une demi-heure plus tard, et après que Daou ait été pris en photo et immortalisé dans les archives équatoriennes, nous pouvons continuer.
 
Et là tout change quasi-instantanément: le paysage, qui passe du désertique au vert; le climat, avec l’apparition des nuages et de la pluie, choses que nous avions quasiment oubliées; le relief, qui devient vallonné.
Etonnant aussi, la monnaie, car afin d’éviter certains problèmes économiques, l’Equateur a adopté le dollar US depuis quelques années. Pratique, mais pour nous c’est moins rigolo: après avoir payé en soleils (le ‘sol’, monnaie péruvienne), nous aurions aimé payer en sucre (l’ancienne monnaie équatorienne). Ceci dit, si les billets sont tous étasuniens (on ne peut pas dire américain, c’est ici l’Amérique), les pièces peuvent être des ‘cents’ ou des ‘centavos’ (ancienne division du sucre). Pour la même valeur, des formes, des appellations, des tailles différentes; pas simple pour rendre la monnaie.
 
Très bonne nouvelle, le prix du diesel. Autant en Uruguay nous avions eu une mauvaise surprise, autant ici c’est le paradis: 0,20 € le litre ! Nous sommes bien sûr arrivés réservoir quasiment vide et c’est la première fois que nous faisons un plein avec plaisir.
 
Le paysage se résume à une chose: des bananeraies. Elles s’étalent sur des dizaines de kilomètres, il y en a partout, et il n’y a que ça. Des bananes, des bananes, des bananes, de quoi satisfaire des armées de singes.

Equateur-Bananeraie

Sur la carte, nous voyons une petite ville proche de la mer, Machala, mais sur place nous découvrons qu’il s’agit d’une grande ville. Moderne, propre, avec de grandes avenues et une circulation civilisée (ça change des villes péruviennes). Nous passons le port de commerce, et allons jusqu'à la pointe, Puerto Bolivar. Un petit musée-maison de la culture et de nombreux restaurants nous attendent.

Equateur-Puerto Bolivar

Premier contact avec la gastronomie équatorienne ….. identique à celle que nous avions côté péruvien !
Mais il y a le choix, c’est bon, pas cher, et le cadre est agréable, alors on ne va pas faire les difficiles. Bien sûr il y a cette foutue télé, omniprésente comme dans les autres pays sud-américains : garages, médecins, restaurants, nulle part on ne peut échapper aux jeux idiots ou aux infos qui bouclent pendant une demi-heure sur le moindre accident ou vol. Et impossible d’y échapper, il y en a plusieurs dans la salle de restaurant, pour que tout le monde en profite !
 
Le cadre est agréable, et nous dormons sur place, au bord de l’eau. En face la Marine, la Police et le Fisc, nous ne sommes pas les seuls à profiter du coucher de soleil sous ciel nuageux (les plus beaux).

Equateur-Puerto Bolivar bivouac

Plus au nord la route à simple voie est très encombrée, le temps est gris (il va falloir que nous nous y fassions car c’est la saison des pluies), beaucoup de villages, villes, habitations, très difficile de s’arrêter pour la photo ou la pause déjeuner. Nous roulons donc, toujours au milieu des bananes, jusqu’à Guayaquil, le principal port équatorien.

Equateur-Guayaquil
 
Nous n’y faisons qu’un bref passage, pour une promenade sur le ‘Malecon’ (bord d’estuaire) tout beau tout neuf.

Equateur-Guayaquil Malecon

Des promeneurs, des vigiles, des nettoyeurs, des gardes, des touristes, des policiers, comme dans les pays voisins la sécurité est une obsession. D’ailleurs sur de nombreux parkings de centres commerciaux, des vigiles dans leur nids-de-pie veillent sur les véhicules,

Equateur-Vigiles

et il n’est pas rare de voir des maisons barricadées et sur-protégées.

Equateur-Cuidado

Le long de la route des centaines de panneaux appellent à la propreté. Mais ils ont ici plus d’impact qu’au nord Chili ou au Pérou, car la propreté règne, et pas seulement dans le centre-ville. Nous étions habitués aux entrées de villes sales, ça change et c’est bien agréable.
 
Visiblement l’Equateur vit une période de transition importante et des panneaux rappellent à chacun la ‘Revolucion Cuidadana’ en cours, à la fois moteur et objet de fierté. Pas de nationalisme béat, mais un rappel de ce qui est fait (par exemple les routes, “de première”, ou l’arrivée d’internet dans les villages) et un engagement à continuer, en demandant à chacun un effort (honnêteté, professionnalisme, compétence, ….). Visiblement ça marche plutôt bien et le pays est agréable.
 
Des milliers d’autres panneaux rappellent en permanence plusieurs enjeux:
* la propreté, comme indiqué plus haut, et ça marche car c’est propre partout;
* le tourisme, montrant aux visiteurs les richesses du pays et appelant les habitants à en être dignes;
* l’environnement, appelant tous à le protéger.
 
Après Guayaquil, direction les plages, via des autoroutes à 2x2, voire 2x3 voies, et nous atteignons Playas, où nous ne restons qu’une nuit, la faute aux moustiques.

Equateur-Playas

Puis la côte ouest, touristique. Partout des plages, des ‘condominios’ (quartiers privés et fermés), des restaurants, et des petits villages de pêcheurs. Comme celui de San Pedro où nous nous arrêtons un moment, entre les barques, les restaurants et le terrain de foot.

Equateur-San Pedro

Nous assistons ainsi au tournoi de foot du week-end qui regroupe les dix équipes locales. DIX équipes dans ce petit patelin, c’est incroyable. Comme le sérieux de rigueur: les joueurs ont des tenues nickel, chacun ayant un maillot à son nom, comme les pros. Et il y a trois arbitres sur le terrain, eux aussi super-équipés et super-pros. Si ce n’était le terrain, très moyen, on se croirait à la Coupe du Monde !
 
Ici la mer nous tend les bras mais, comme partout, la déferlante de bord de plage, pas impressionnante mais puissante, limite sérieusement les ardeurs.

Equateur-Côte

D’ailleurs les locaux restent barboter au bord, et Martine ne franchit cette vague qu’avec assistance. Une fois «au large», la mer est calme et chaude, mais cette vague omniprésente gâche un peu le plaisir. Comme au Pérou, la mer est ici parfaite pour le kite-surf, pas pour la baignade. Dommage.
 
De toute façon, Daou ne veut pas nous laisser nous prélasser: en plus des bruits divers au démarrage ou sur les bosses, du problème de démarrage difficile (que nous traînons depuis plus de six mois sans en connaître la cause), voici que le soufflet de cardan changé à Iquique est fendu. Le soufflet utilisé, un adaptable, ne coûtait pas cher (contrairement à la main-d’œuvre largement calculée) mais une fois de plus on en a pour son argent: il aura tenu un mois !
 
Direction Manta et son garage Fiat. Accueil super sympa, bonne écoute, recherche d’une solution : ils proposent un soufflet Mazda, beaucoup plus solide que l’adaptable….. et beaucoup plus cher: 100 € le bout de caoutchouc, taxes d’importation obligent. Mais nous n’avons pas le choix, en faire venir un de France serait encore plus onéreux. Rendez-vous est pris pour le sur-lendemain, durant lequel la réparation est faite, sous le contrôle de Jean-Yves. Espérons que cette fois elle tiendra.
 
Nous passons les deux jours d’attente dans un camping et Jean-Yves enfile son bleu. Après deux jours de travail et beaucoup de sueur vu le climat chaud et humide (la piscine est la bienvenue après le travail), la plupart des problèmes sont réglés ou au moins identifiés: le démontage-nettoyage des freins arrière et le réglage du frein à main supprime les “tac”, le déplacement d’un support d’échappement (mal monté en usine) et la mise en place d’une éponge métallique amortisseur entre le pot et la châssis suppriment les “clong” et les “bra-dra-bam”.
Mieux, la cause des mauvais démarrages est elle aussi enfin trouvée: c’est le moteur-actuateur de papillon des gaz qui a pris l’eau et se grippe. Il faut dire que son capot plastique est ouvert vers le haut et qu’il est situé à un endroit où l’eau dégouline lorsqu’on ouvre le capot. Pas bons les ingénieurs qui ont conçu ça. Impossible à réparer, il faut changer. En attendant, un peu de WD40, et on croise les doigts pour que ça tienne jusqu’à la France.
Car le retour en France est désormais en vue. Après de longues hésitations entre continuer vers le nord ou rentrer en France, nous avons choisi le retour.
En effet il n’y a pas de route entre Colombie et Panama (il manque à peine 100 km !) et une mafia maintient et profite de cet état de fait en imposant des tarifs de bateaux aberrants (quasiment le prix d’une transatlantique), ce que nous n’aimons pas.
De l’autre côté, la traversée aller nous a beaucoup plu, et le retour en France permettra de remettre véhicule et équipage en parfait état pour les futurs voyages.
Le choix est fait, le bateau est réservé, et l’Equateur est le pays le plus septentrional que nous visiterons en Amérique du sud. Mais il reste encore plein de choses à découvrir.
 
Et en particulier les routes de l’intérieur équatorien car dès qu’on quitte la côte, il faut monter, descendre, et tourner.

Equateur-Collines
L’intérieur du pays est constitué d’une vallée centrale nord-sud coincée entre deux cordillères, et à part une partie autoroutière dans la vallée, la ligne droite est ici inconnue, comme le terrain plat.
 
Ainsi la route qui nous mène de Manta à Santo Domingo (ouest de Quito), et sur laquelle nous dépassons rarement le 60km/h, impose 6700 m de dénivelés cumulés. Entre Santo Domingo et la Laguna Cuicocha (260 km), plus de 11600 m de dénivelés cumulés. Et il en est ainsi chaque jour, avec des descentes à prendre en seconde, voire en première, avant d’attaquer une côte qui nous fait passer de 2000 m à 3000 m, 3500 m, voire plus, avant de redescendre, etc…
 
Exemple ce jour où nous n’avons eu “que” 5500 m de dénivelés:

Equateur-Coupe tracé
Laguna Cuicocha: c’est un lac de cratère, aux eaux limpides mais sans poissons (excès de minéraux), et dominé par un volcan (Cotacachi, 4840 m) que nous ne verrons pas, caché qu’il est par les nuages. Mais une balade sur les bords du cratère offre quand même de beaux points de vue.

Equateur-Laguna Cuicocha
 

Après Cuicocha, nous commençons notre “descente” vers le sud par la ville d’Otavalo toute proche, connue pour ses artisans. Mais ses habitants valent le détour aussi car beaucoup conservent les tenues traditionnelles: jupe, chemisier brodé 

Equateur-Otavalo tenue
 
et carré de tissu jeté sur l’épaule pour les femmes, pantalon blanc, chemise et queue de cheval pour les hommes. Plus élégant que les collants moulés et jeans délavés habituels.

Equateur-Otavalo homme

Equateur-Otavalo femme

Un peu plus au sud, l’équateur. La ligne, pas le pays. Elle est matérialisée à plusieurs endroits, près de Cayambe

Equateur-Cayambe

ou à Mitad del Mundo (milieu du monde, carrément),

Equateur-Mitad del Mundo
 
site créé il y a quelques années pour célébrer l’équipe française venue ici en 1736 mesurer la longueur du méridien terrestre à l’équateur (une autre équipe faisait la même chose en Laponie). Un monument, des statues et quelques pavillons commémorent ce travail colossal.
 
Mais l’histoire de cette équipe n’est qu’effleurée à Mitad del Mundo. Et le monument récent ne fait que combler un manque de près de trois siècles puisque cette équipe française avait bâti une pyramide, monument détruit quelques mois plus tard et dont il ne reste rien, pas même l’emplacement exact.
 
Pour tout savoir et vraiment réaliser ce que fut ce travail titanesque nous recommandons la lecture du livre “L’épopée du méridien terrestre” de Florence TRYSTRAM (ISBN 2-277-22013-2), plus disponible en librairie mais que l’on trouve dans les bonnes bibliothèques ou sur internet.
Car ce voyage scientifique s’est doublé d’aventures humaines incroyables. Un livre qui fait partie de notre “bibliothèque idéale” et qui ravira les amateurs de science, d’aventures, d’exotisme, bref tout le monde. 
Quito, petite ville très riche au XVIII° siècle et siège d’une partie des aventures des “mesureurs de méridien”, moins riche et immensément plus grande aujourd’hui. Elle s’étale sur plus de 40 km, remplissant la vallée,

Equateur-Quito vallée
 
remontant les montagnes de part et d’autre.

Equateur-Quito habitations

Mais contrairement à certaines grandes villes vues ces derniers mois, elle est propre, organisée, et la circulation reste correcte.

Equateur-Quito rue

Un petit tour dans le centre historique nous montre une ville qui ressemble beaucoup aux autres villes historiques sud-américaines.

Equateur-Quito place

Une particularité toutefois: ailleurs les églises sont richement décorées, mais ici c’est carrément du délire et l’or recouvre statues, colonnes, autels, quand ce dernier n’est pas en or massif, comme dans la ‘Iglesia de la Compañia de Jesus’, en clair l’église des jésuites, qui contiendrait 7 tonnes d’or. Et il faut payer pour y entrer. Et il est interdit de prendre les photos que voici:

Equateur-Quito Compania 1

Equateur-Quito Compania 2
 
Quand on pense aux millions d’indigènes exterminés pour la plus grande gloire des religieux et pour construire ces églises ….… amen.
 

6 commentaires:


  1. finissez tranquillement votre voyage et rentrez en pleine forme avec pleins de souvenirs dans la tête.


    à bientôt

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  2. Re-Salut !


    Déjà de retour !  je vous ai quittés à Lima il n'y a pas 5 minutes !


    ( Euh, je pense que j'ai pris un peu de retard ).


    Faites un bon retour.


    Ca me manquera, ces petites escapades au bout du monde ...


    A plus.

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  3. helies jean-noël3 avril 2014 à 16:26


    bonjour à vous deux,


    magnifique parcours , que de choses à raconter ! bonne fin de voyage et bon retour sur la France.Nous avons enfin un temps clément mais pour combien de temps ?


    Jnoel

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  4. christian thomas6 avril 2014 à 09:08


    salut les amis


    toujours autant de plaisir, a vous suivre dans votre periple.


    nous esperions la colombie, le panama, le costa rica et pourquoi pas malpelo mais je vois que vous songez au retour, alors ce sera pour le prochain voyage...


    nous avions pris nos habitudes face a l'ecran et nous vous presserons pour des projections connaissance  du monde version DAOU.


    en attendant profitez jusqu'au bout et a bientot.


    christian et nathalie


     

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  5. Bonjour,
    Je m'intéresse beaucoup aux voyages, et je souhaiterais en faire plus souvent, mais c'est assez difficile pour moi. C’est pour cela que j'aime bien naviguer sur les blogs de personnes passionnées. Les photos que vous avez mises sont belles et concernant les bananeraies, j'aurais été très heureuse de les voir, car j'adore ce fruit, lol. J’en mange avec du Nutella ou dans le pain, mais je peux aussi en faire des beignets.

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    1. Partir en voyage n'est pas toujours facile, mais quand on veut quelque chose, on se donne les moyens et on finit par y arriver. En tout cas nous sommes contents de voir que notre blog fait rêver, c'est un peu le but.
      Merci de tes commentaires.

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